Le cinéma en son temps, les années 50 ou le Commencement d'une peur inconnue
"D'un côté, les journaux d'actualités : Hiroshima, la Corée, l'Indochine, l'Algérie, Budapest. De l'autre, la fiction : pas un seul film sur les guerres coloniales. Avec ce montage parallèle, Claude-Jean Philippe démontre que les cinéastes français ne sont pas davantage parvenus à prendre la mesure de l'Histoire que les hommes politiques de la IVe République.
Il faudra attendre "Hiroshima mon amour" d'Alain Resnais (1959) pour voir exorcisée cette impuissance. Le cinéma de fiction est également incapable de refléter la prospérité naissante. Du coup, la jeunesse des années 50 se retrouve dans le visage de Gérard Philipe ("Monsieur Ripois" de René Clément, 1953) qui incarne le mieux son désarroi, et dans ceux de Marilyn Monroe et de James Dean."
Le cinéma forain
"L'enfance du cinéma s'est déroulée dans le vacarme de la fête foraine. Neuf forains exploitent l'appareil des frères Lumière en 1896, année de naissance du cinématographe ; en 1900, ils sont cinquante. Jusqu'à l'apparition de la première salle Pathé sur les Boulevards (1906), le cinéma privilégie donc le sensationnel, voire le monstrueux, n'hésitant pas à recourir aux actualités reconstituées.
C'est l'aspect le plus insolite de ce documentaire : habitué aux suppléments illustrés du "Petit Journal" et du "Petit Parisien", le public d'alors se délecte de ces actualités fabriquées en studio, avec figurants costumés sur fond de toiles peintes. Claude-Jean Philippe nous montre un échantillon de ces actualités : l'épopée du cuirassé Potemkine. "
Cocteau ou la Traversée du miroir
"Claude-Jean Philippe analyse ici la 'biographie imaginaire' que constituent "Le Sang d'un poète" (1930), "Orphée (1950) et "Le Testament d'Orphée" (1960). La biographie de Cocteau, sa démarche poétique et artistique, est éclairée par chaque extrait de film, mais aussi par les commentaires de Cocteau lui-même (nombreuses interviews en voix off).
Ce documentaire est tout autant un film sur la voix que sur l'image : le visage de Cocteau (dans "Le Testament d'Orphée") est moins présent que sa voix qui rythme le film. Le commentaire de Claude-Jean Philippe ne fait que suivre celui de Cocteau, il est guidé par sa pensée que résume cette phrase : "Ma démarche morale est celle d'un homme qui boîte : un pied dans la vie, un pied dans la mort."
Dada, surréalisme et cinéma
"Dadaïsme et surréalisme sont nés successivement en réaction à la guerre de 14-18. Aux images censurées du champ de bataille, Claude-Jean Philippe oppose les images débridées des dadaïstes, Man Ray ("Le Retour à la raison", 1923), René Clair ("Entr'acte", 1924), Marcel Duchamp ("Anémique cinéma", 1926). Il s'attarde surtout sur les surréalistes, Bunuel et Dali ("Le Chien andalou", "L'Age d'or").
Avec le surréalisme, en effet, la démarche de Claude-Jean Philippe, qui réunit réflexion et rêverie, trouve un terrain de prédilection. Son commentaire, poétique comme il se doit, ne s'efface que devant les citations d'André Breton et de Luis Bunuel. Dans ce film, la parole finit par supplanter l'image : Claude-Jean Philippe n'hésite pas à filmer des mots, noir sur blanc, ceux du manifeste "Alternative" de Max Morise."
(CNC-Vincent Rémy)
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Le cinéma en son temps, les années 50 ou le Commencement d'une peur inconnue
"D'un côté, les journaux d'actualités : Hiroshima, la Corée, l'Indochine, l'Algérie, Budapest. De l'autre, la fiction : pas un seul film sur les guerres coloniales. Avec ce montage parallèle, Claude-Jean Philippe démontre que les cinéastes français ne sont pas davantage parvenus à prendre la mesure de l'Histoire que les hommes politiques de la IVe République.
Il faudra ...
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