Jadis centre industriel à la jonction de Roubaix et Tourcoing, la zone de l'Union est en pleine mutation à la faveur d'un ambitieux projet de renouvellement urbain : tout a été rasé, à l'exception de “Chez Salah”, café ouvert en 1965 et relique ultime d'un quartier habité principalement par des ouvriers.
Son propriétaire Salah Oudjane refuse de vendre cet immeuble usé de deux étages où il a passé l'essentiel de sa vie et qui fait désormais face au bâtiment high-tech du Centre des Textiles Innovants. Devenu symbole malgré lui d'une résistance à la “gentrification” (rénovation d'un quartier populaire au profit de couches sociales aisées), il est l'improbable héros de cette chronique où, au fil des saisons, on voit les bulldozers faire le vide autour de son café, dressé tel un phare dont la lueur semble attirer d'anciens habitants du quartier.
Les propos de ces témoins contrebalancent la présence taciturne du gardien des lieux, évoquant pêle-mêle passé colonial, guerre d'Algérie, discriminations, ghettoïsation, faisant défiler les fantômes des dominants, des colons prospères d'Algérie aux notables nordistes amenant leurs maîtresses au “café algérien” où ils se savaient à l'abri des regards.
[-]
Jadis centre industriel à la jonction de Roubaix et Tourcoing, la zone de l'Union est en pleine mutation à la faveur d'un ambitieux projet de renouvellement urbain : tout a été rasé, à l'exception de “Chez Salah”, café ouvert en 1965 et relique ultime d'un quartier habité principalement par des ouvriers.
Son propriétaire Salah Oudjane refuse de vendre cet immeuble usé de deux étages où il a passé l'essentiel de sa vie et qui fait désormais face ...
[+]