Documents AILLAUD (EMILE) 13 résultats

Danièle Voldman, directrice de recherche au CNRS, consacre son exposé à l'architecture des grands ensembles après la seconde guerre mondiale en France. Après la période creuse de la guerre, s'ouvre une période d'intense activité dans la construction et notamment dans celle de logements. Ces nouveaux besoins sont la conséquence des destructions massives de la seconde guerre mondiale qui laisse un huitième de la population sinistré, la quasi totalité de l'armature urbaine à reconstruire et des besoins en équipement, en bâtiments publics et en logements. Cette crise est encore aggravée par la reprise démographique de l'après-guerre. Le Gouvernement Provisoire de la République va créer le ministère de la reconstruction et de l'urbanisme (MRU) qui va jouer un rôle fondamental en fixant de nouvelles règles d'urbanisme. Il impose des plans répondant aux principes de Le Corbusier, c'est à dire respectant une répartition fonctionnelle des espaces entre l'habitat, les loisirs, la production et l'administration. Ceci va entraîner des transformations des tissus urbains anciens dans la mesure où les unités de production ont été rejetées en périphéries et les parcelles rationalisées. Deux types de reconstruction vont être retenues, celles à l'identique comme à Gien ou Saint Malo, et celles de type "moderne" comme au Havre. L'obligation de construire beaucoup, vite et pas cher va entraîner des transformations dans les façons de bâtir, dans les conditions de la commande et dans les formes architecturales. Avec la rationalisation des chantiers et l'industrialisation du bâtiment les grands ensembles vont se multiplier comme les 200 logements à Aix-en-Provence et l'ensemble de la Tourette à Marseille de Fernand Pouillon, la barre du Haut du Lièvre à Nancy, ou encore le serpentin des Courtillières à Pantin d'Émile Aillaud.[-]

Emile Aillaud (1902-1988) est une figure à la fois centrale et marginale de l'architecture de l'après-guerre en France. Centrale par l'ampleur de son oeuvre, qui va des décors éphémères aux grands ensembles en passant par l'architecture industrielle. Marginale parce qu'Aillaud s'est toujours écarté de l'urbanisme rationnel dominant. Aillaud a profondément renouvelé l'approche du logement de masse (les Courtillières, la Grande Borne) et participé aux plus grands projets d'aménagement parisiens (la Tête Défense, les Halles). Il n'a eu de cesse de proposer une vision poétique de son art, fondée sur la courbe et la couleur. [éditeur][-]

Ouvrage de 1972, consacré à la cité toute neuve de la Grande Borne à Grigny, programmée dès 1964 et achevée en 1971 par Emile Aillaud. Cette ville nouvelle de 3700 logements à vocation sociale répartis sur 90 hectares se voulait à l'échelle humaine, pas de tours, des quartiers identifiables, des cheminements diversifiés, sans voiture, des immeubles courbes, des façades aux rythmes variés, de la couleur gràce aux revêtements en grès cérame et en pâte de verre, des sculptures et fresques agémentant l'espace public. L'architecte, qui a déjà réalisé les cités de l'Abreuvoir à Bobigny, des Courtilières à Pantin, expose sa conception d'un nouvel urbanisme, "un urbanisme de la vie privée".[-]