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Argento abandonne ici provisoirement le giallo de ses premiers films, pour livrer une œuvre à la structure narrative plus étrange, dont les enchaînements de séquences paraissent plus justifiés par la recherche de la beauté pure que par un souci de progression narrative. Suspiria est un cauchemar dans lequel le spectateur doit se laisser emporter en oubliant ses réflexes logiques. Dans un décor baroque magnifié par la photographie de Luciano Tovoli qui fait s'entrechoquer les couleurs les plus vives, une jeune américaine venue à Fribourg étudier la danse découvre telle une Alice au Pays des Carnages une école fort mystérieuse dans laquelle les élèves disparaissent dans des conditions particulièrement atroces, et où les professeurs semblent dissimuler la vérité.[-]

Les Frissons de l'angoisse est le quatrième giallo réalisé par Dario Argento. Comme souvent, l'histoire prend son origine dans un rêve du cinéaste, en l'occurrence dans l'image d'une voyante percevant une pensée menaçante dans son auditoire. Outre qu'il s'agit de l'une de ses œuvres les plus importantes, Les Frissons de l'angoisse est une étape essentielle dans la filmographie de Dario Argento. Il y développe son utilisation de la caméra subjective représentant une présence invisible et terrifiante. Plus qu'un giallo traditionnel, Les Frissons de l'angoisse est une construction mentale. Le scénario, ou plutôt la trame narrative, devient un prétexte, un support. Travail sur les couleurs saturées, poésie morbide des meurtres, narration elliptique, Les Frissons de l'angoisse peut être considérés comme le mètre étalon de l'œuvre du réalisateur romain.[-]